L’HOMÉOPATHIE DANS LES TROUBLES THYROÏDIENS
La discipline de l’endocrinologie est-elle une chasse réservée ? Notre thérapeutique homéopathique a-t-elle sa place ?
Au niveau physiopathologique tout d’abord, nous disposons des éléments suivants :
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L’endocrinologie est la discipline pionnière de la pensée systémique et cybernétique. Les doses actives sont de l’ordre du microgramme (un millionième de gramme) pour la plupart.
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Les cibles tissulaires et les effecteurs sont en constante régulation comme un modèle cybernétique.
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L’endocrinologie est elle-même un système inclus dans l'axe psycho-neuro-hormono-immunitaire.
Ces différentes affirmations suffisent déjà à rapprocher le modèle endocrinien du modèle homéopathique.
L'équilibre glycémique (diabète) se dose au niveau du gramme par litre, l'équilibre thyroïdien au niveau du microgramme, soit 1 million de fois moins ! Le microgramme équivaut pour les homéopathes à la dilution 3CH.
Faible dose et globalité caractérisent à la fois l'endocrinologie et l'homéopathie. La globalité ce n'est pas considérer l'ensemble des symptômes, mais la concomitance de signes réactionnels chroniques présentant une synchronicité.
EXEMPLE CLINIQUE AUTOUR D'UNE COURTE OBSERVATION D'UNE PATIENTE SOUS LÉVOTHYROX :
Prenons le cas d'une patiente traitée par LEVOTHYROX, qui n'améliore que partiellement les symptômes cliniques subjectifs et qui, malgré des constantes biologiques normales, reste fatiguée et constipée.
La médecine traditionnelle n'explique pas cette disparité entre biologie et clinique, ou sera tentée de dire que le patient s'écoute de trop et que ses symptômes n'ont rien à voir avec la glande thyroïde !
Le médecin homéopathe utilisera THYROÏDINUM 5CH au quotidien qui améliorera sa constipation et son asthénie.
THYROÏDINUM, c'est de la poudre de glande thyroïde dans sa totalité qui inclut donc les hormones T3 et T4, ainsi que l'iode.
Pourquoi donc cette formule améliore la constipation et l'asthénie du patient contrairement au LEVOTHYROX qui n'a pas fait son office sur ces 2 grands signes fonctionnels classiques de l'hypothyroïdie ?
On peut émettre l'hypothèse qu'en homéopathie nous n'agissons pas de manière quantitative, mais plutôt qualitative au niveau des récepteurs. Nous pourrions avoir « une action permissive au niveau du signal d'information » entre l'hormone T3 et le récepteur.
Rappelons que le LEVOTHYROX c'est de la T4, qui va se transformer en T3, hormone active (voir module santé publique octobre 2017).
OBSERVATION CLINIQUE D'UNE THYROÏDITE AUTO-IMMUNITAIRE :
Le texte qui suit est le compte-rendu fidèle de l'observation clinique du Dr Didier Deswarte, homéopathe exerçant à La Madeleine (département du Nord).
« C'est une observation spectaculaire et décisive, car j'avais modifié à l'époque ma vision de la prise en charge des patients en endocrinologie. Avec des confrères, j'avais d'ailleurs présenté un travail de groupe à un congrès de la Fédération Nationale des Sociétés Homéopathiques Françaises à Lille.
C'était le cas d'une patiente vue en 1990 pour une thyroïdite auto-immune post-ménopausique : peu de symptômes cliniques, léger œdème des paupières le matin, une TSH très élevée à 169mU/ml, présence d'anticorps spécifiques antithyroïdiens et antithyroglobuline.
La patiente ne veut pas de traitement hormonal, elle est catégorique. Je la persuade de consulter une nouvelle fois l'endocrinologue et je commence la prise en charge.
Je renforce la surveillance biologique pour suivre l'évolution de mon traitement, tout en continuant à communiquer par écrit avec mon confrère au fur et à mesure du traitement.
On observe progressivement une décroissance de la TSH, sans symptômes cliniques, avec un bon état général, échographie dans la normalité sans aspect inflammatoire ni nodulaire, mais avec des anticorps spécifiques toujours élevés.
Par courrier, l'endocrinologue avec qui je corresponds régulièrement, s'avère étonné et troublé de la régression de la maladie sur le plan biologique et clinique et s'avoue incapable de préciser le rôle éventuel de l'homéopathie à son origine.
Le traitement préconisé à la patiente est :
CALCAREA FLUORICA 5CH, 5 à 6 granules 3 fois par jour et en alternance chaque dimanche soir au coucher une dose de LACHESIS 9CH/CALCAREA FLUORICA 9CH.
À signaler en début de traitement, une réaction à la première dose de LACHESIS : réaction fébrile avec reprise d'un saignement gynécologique.
En conclusion, dans le cas précis de cette patiente qui a été suivie sur 15 ans, nous observons une certaine atténuation des symptômes, avec conservation de la fonction thyroïdienne sans signe d'atrophie.
En ce qui concerne ce cas, un traitement substitutif aurait provoqué probablement une atrophie de la glande thyroïde.
Objectivement, il y a une forte probabilité d'un impact positif de l'homéopathie dans ce cas précis.
Rappelons néanmoins que le traitement classique (LEVOTHYROX) est particulièrement indispensable pour les cas suivants :
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En cas de procréation médicale assistée (PMA).
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En cas d'Hypothyroïdie de la grossesse.
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En cas de goitre.
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En cas d'hypercholestérolémie.
LES REMÈDES HOMÉOPATHIQUES DANS LES PATHOLOGIES THYROÏDIENNES :
On ne peut pas faire de correspondance étroite entre les pathologies thyroïdiennes et les médicaments de type sensible à la manière d'un catalogue ou d'un répertoire.
Néanmoins, nous avons quand même 2 médicaments majeurs qui peuvent recouvrir l'aspect symptomatique, l'un au profil hyperthyroïdien, c'est IODUM et l'intoxication à l'iode reproduisant les effets de la maladie de Basedow ; l'autre pour le profil hypothyroïdien, avec sa peau sèche et sa constipation, chez un sujet plutôt obèse, c'est GRAPHITES.
Ce sont vraiment les 2 médicaments majeurs, les plus caricaturaux.
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IODUM : il s'agit là d'un hyperthyroïdien typique.
Le bon docteur Deswarte, dont nous avons parlé précédemment, se souvient d'une patiente à laquelle il avait prescrit IODUM. Peu après elle eut une consultation avec son endocrinologue et elle lui dit qu'elle prenait IODUM. Le médecin spécialiste se mit en colère et éructa à la patiente des propos très obscènes qui la traumatisa.
Et pourtant, si nous pouvions lui expliquer simplement notre inversion d'action suivant la dose et la similitude ! IODUM est un remarquable médicament de l'hyperthyroïdie et du sujet basdowien.
Les symptômes principaux de IODUM sont :
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Amaigrissement malgré bon appétit.
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Besoin de manger souvent.
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Soif et transpiration.
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Agité, ne tient pas en place.
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Nervosité, hyperactivité et anxiété.
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Goitre.
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Exophtalmie.
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Mains moites et tremblantes.
Devant un tel sujet, les examens para-cliniques et la surveillance médicale sont indispensables.
La dilution à utiliser dans ce cas est au moins de 9CH ou 15CH. Des basses dilutions sont parfois utiles pour des symptômes locaux ou moins caractéristiques comme par exemple des adénopathies (ganglions) ou des goitres nodulaires.
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GRAPHITES : Il s'agit là d'un hypothyroïdien caractéristique.
Les symptômes principaux de GRAPHITES sont :
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Prise de poids.
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Fatigue.
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Tendance dépressive, difficulté dans les décisions.
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Manque de motivation pour se mobiliser.
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Visage bouffis, tissus infiltrés.
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Œdème facial.
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Frilosité.
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Eczéma sec localisé ou généralisé.
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Cheveux secs et cassants avec chute des poils et « queue du sourcil ».
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Constipation.
Les dilutions utilisées sont de 9 à 15 CH, en doses hebdomadaires ou bimensuelles.
Ces doses répétées de GRAPHITES aident considérablement la patiente plutôt de type robuste CARBONIQUE, mais au tempérament actif, sthénique, de type NUX VOMICA.
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THYROÏDINUM : c'est la poudre de l'organe thyroïdien entier. C'est donc un totum, incluant toutes les formes libres ou liées de T3 et T4, ainsi que de l'iode.
La basse dilution (4 à 9 CH) est préconisée dans les hypothyroïdies modérées, non encore traitées ou en accompagnement du LEVOTHYROX.
Des résultats positifs fréquents sont vérifiables par le dosage de la TSH.
Les hautes dilutions (15 CH) seront prescrites dans les maladies hyper- thyroïdiennes, type Basdowe, prescrites en doses espacées de 8 à 15 jours.
L'aspect régulateur d'une dilution en 9 CH n'est pas toujours retrouvé et même en haute dilution, l'inversion d'action peut ne pas s'observer et au contraire on peut constater parfois une action stimulante. Il faudra cheminer lentement mais efficacement pour trouver la meilleure dilution ou savoir espacer un peu plus longtemps après une prise en trouvant la bonne fréquence d'utilisation.
LES AUTRES MÉDICAMENTS UTILISÉS DANS LES TROUBLES THYROÏDIENS :
La liste est très longue ; il est impossible de tous les citer. Nous mentionnerons uniquement les remèdes homéopathiques à activité principale régulatrice de la fonction thyroïdienne.
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BADIAGA : éponge d'eau douce, riche en silice. Utilisée chez les hyperthyroïdiens frileux avec ganglions et cellulite dure et douloureuse.
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CALCAREA CARBONICA : c'est le calcaire de la couche moyenne de la coquille d'huître dont on a enlevé la nacre. Remède proche de GRAPHITES caractérisé par une fatigue et une lenteur, une augmentation de l'appétit et donc une tendance à l'obésité, une frilosité avec transpiration moite, une aggravation par le froid, l'humidité et les laitages, une tendance aux polypes et aux verrues. La dilution utilisée le plus couramment est 9 CH, et ensuite 15 CH en doses bimensuelles.
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COFFEA : remède utilisé chez l’hyper-thyroïdien et caractérisé par de l'euphorie, une excitation cérébrale, des troubles du rythme cardiaque avec tachycardie et arythmie, des tremblements et le regard brillant. La dilution 15 CH est plus active quand l'excitation empêche le sommeil.
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LYCOPUS : caractérise la tachycardie de l'hyperthyroïdie avec palpitations violentes (comme SPIGELIA).
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NATRUM MURIATICUM : les dysfonctionnements de la glande thyroïde chez les personnes émotives, nerveuses, fatigables plutôt introverties avec troubles nutritionnels et amaigrissement du haut du corps.
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PHOSPHORUS : c'est un médicament des pathologies auto-immunes (Hashimoto) avec tendance inflammatoire des tissus nobles qui caractérise des personnalités enthousiastes, exaltées, sensibles, intuitives, hyperactives, passionnées et fougueuses. Le morphotype est souvent un être longiligne aux yeux expressifs et profonds.
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SPONGIA TOSTA : c'est l' éponge de mer ; la poudre d'éponge était déjà utilisée dans la Chine antique pour soigner les goitres !
La polarité du médicament s'exerce sur les muqueuses respiratoires et les tissus glandulaires et notamment dans les goitres diffus et durs avec crises de palpitations et anxiété chez une personne dont la TSH est pourtant normale !
EN CONCLUSION : les médecins homéopathes sont pleinement partenaires des spécialistes endocrinologues, pour lesquels ils doivent continuer à faire consulter leurs patients.
Les thérapeutiques hormonales agissent à faible dose, elles concernent aussi le passage de l'information biologique et l'approche de la globalité systémique du vivant. Homéopathie et Endocrinologie ont donc énormément de points communs !
La problématique des perturbateurs endocriniens, dont on parle tant dans les informations et reportages télé, nous montrent aussi que des doses infra-toxiques peuvent être nuisibles. Certains effets sont même indépendants de la dose et dépendent du moment d'exposition à la substance, comme par exemple le contact d'un perturbateur endocrinien chez la femme enceinte lors de la différenciation sexuelle embryologique et les conséquences peuvent se voir sur plus de deux générations !