PLANTES SPÉCIFIQUES DES GLANDES ANNEXES DE LA DIGESTION (FOIE, VOIES BILIAIRES, PANCRÉAS)
L'importance des glandes annexes dans le déroulement de la digestion, appelle un classement des plantes selon leur action spécifique. On se souviendra toujours que si leur polyvalence d'action fait figurer certaines d'entre elles sous plusieurs rubriques, le seul fait d'agir sur l'une des glandes amène obligatoirement, en raison de leur étroite corrélation anatomophysiologique, une réponse de l'autre.
Qu'elles soient utilisées pour drainer, pour compenser ou corriger une fonction déficitaire, elles trouveront leur indication dans chacun des paragraphes qui vont suivre. Nous ne saurions trop insister sur l'inutilité d'augmenter les sécrétions d'un de ces organes sans un contrôle parfait du sphincter d'oddi (voir schéma module santé publique), à l'aide surtout d'antispasmodiques spécifiques.
PLANTES À TROPISME HÉPATIQUE:
Leur action se justifie par la régulation (cholérétique) et l'accroissement (cholagogue) de la sécrétion biliaire du foie.
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Les principales plantes utilisées en phytothérapie pour leur action cholérétique sont : BARDANE / CAMOMILLE / CHÉLIDOINE / CHICORÉE / CITRON / FUMETERRE / LAVANDE / MÉLISSE / SAPONAIRE / SAUGE / SOUCI / THYM / TILLEUL…
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Les plantes des voies biliaires cholagogues sont spécifiques de la vidange de la vésicule biliaire et devront être prescrites avec précaution chaque fois qu'il existe un obstacle ou qu'il risque de s'en former un du fait de microcalculs. Ce sont principalement : AUBERGINE / BALLOTE / BOURDAINE / BUIS / CASCARA / CHARDON MARIE / LISERON DES CHAMPS / OLIVIER / ORTIE / ORTHOSIPHON / RADIS NOIR…
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Il existe quelques plantes mixtes à la fois cholérétiques et cholagogues : ARTICHAUD / BOLDO / CURCUMA / MENTHE / PISSENLIT / ROMARIN…
PLANTES A TROPISME PANCRÉATIQUE :
Il s'agit ici de plantes améliorant la fonction exocrine (participant à la digestion) du pancréas, mais l'intrication anatomique et neurophysiologique des deux fonctions du pancréas (exocrine et endocrine c'est à dire en rapport avec le diabète) de cette glande ne permet pas de négliger leur influence réciproque. Il nous est apparu indispensable dans notre classification de citer quelques plantes à activité endocrine pure, antidiabétique indirecte et d'autres mixtes à activité endocrine et exocrine.
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Les plantes mixtes à activité endocrine et exocrine sont : BARDANE / CHICORÉE SAUVAGE / CRESSON / NOYER / OIGNON / OLIVIER / PATIENCE / SAUGE.
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Les plantes à activité endocrine exclusives sont : EUCALYPTUS / FENUGREC / GÉRANIUM ROBERT / MURIER NOIR / PIMPRENELLE ÉPINEUSE / SCROFULAIRE.
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Les plantes à action antidiabétique indirecte sont : LEVURE DE BIÈRE / MYRTILLE / RENOUÉE DES OISEAUX / RONCE / LAITUE…
Au plan endobiogénique, le foie est l'organe central d'adaptation métabolique de l'organisme. C'est en lui que prennent source, outre leur métabolisation, toutes les protéines de transport spécifique des hormones (sexuelles, thyroïdiennes et cortico-surrénaliennes), ainsi que cette grande protéine de transport non spécifique qui est l'albumine. Ces hormones circulantes liées aux protéines sont les formes « muettes » de l'activité hormonale, qui permettent à l'organisme de réintégrer plus rapidement son équilibre de base.
Les voies biliaires (canal cholédoque et cystique) servent au transport du seul produit d'excrétion hépatique, la bile, chargée d'assurer cette fonction d'adaptation avec le milieu extérieur, et ce dans les deux sens.
Foie et voies biliaires sont soumis en permanence au contrôle et à la régulation des systèmes d'adaptabilité de l'organisme, qu'ils soient aigus ou immédiats, chroniques ou prolongés.
Enfin, le foie est un système annexé au tube digestif, et l'ensemble hépato-vésiculaire est en relation informative permanente avec celui-ci.
LA LITHIASE BILIAIRE EN MÉDECINE DE TERRAIN :
Affection très répandue, la lithiase biliaire, quelle que soit la nature du calcul, résulte de la perte plus ou moins grande de la capacité solubilisante générale ou particulière de la bile. Celle-ci est soumise en permanence à deux types de paramètres : l'un, sécrétoire, intéresse le foie et la vésicule biliaire, et l'autre, de nature excrétoire, est lié au fonctionnement mécanique de l'ensemble des voies biliaires.
La cause spécifique de la lithiase biliaire résulte toujours d'un déséquilibre de l'ensemble de l'organisme auquel le foie est directement lié.
La modification de la qualité de la bile d'origine hépatique, aboutit soit à un déficit en certaines substances solubilisantes (sels biliaires), ou à un excès d'autres (calcium et cholestérol). Il en résulte un obstacle à la bonne évacuation de la bile par les canaux biliaires, obstacle mécanique ou obstacle fonctionnel lié à la régulation du spincter d'oddi.
Il existe différentes étapes dans l'établissement du traitement :
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L'ablation de la vésicule ou cholécystectomie : elle ne résout rien en soi. Elle peut s'imposer lorsque des calculs risquent de migrer dans le canal cholédoque et de s'y enclaver ou lorsque l'imminence d'une complication grave ferait courir un risque vital au malade.
On s'efforcera donc dans la mesure du possible de conserver la vésicule biliaire pour son rôle protecteur et antidégénératif qu'elle assure au sein de l'organisme en général et du tube digestif en particulier. D'ailleurs, la publication récente de statistiques américaines établissent une corrélation très élevée entre cholécystectomie et majoration du risque de cancer du côlon.
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Redissolution des calculs : son indication se limite aux seuls calculs de cholestérol. En thérapeutique allopathique, on utilise des dérivés de l'acide desoxycholique, également après une chirurgie bariatrique, mais leurs effets secondaires notables devraient en limiter l'emploi non seulement sur un plan symptomatique, mais parce que leur usage est anti-physiologique.
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Drainage : il réalise à lui seul le vrai traitement symptomatique de la lithiase biliaire et son importance est telle qu'on le retrouvera même dans un traitement de terrain (préventif).
Il visera à établir en permanence un équilibre dans la composition de la bile où le pouvoir solubilisant demeure suffisant en toutes circonstances. Il agira sur le fonctionnement de chacun des trois volets dans le triptyque : foie, vésicule biliaire, spincter d'oddi, en variant la part relative de chacun, suivant les circonstances.
Sur le foie, le drainage assurera une augmentation de l'action détoxifiante en augmentant la production de la bile, par l'intermédiaire de plantes cholérétiques (voir liste ci-dessus).
Sur la vésicule biliaire, le drainage assurera un remplissage suffisant de cet organe qui permettra le maintien d'une fonction sécrétoire efficace, une vidange et une tonicité suffisantes grâce aux plantes cholagogues (voir liste ci-dessus).
Sur le spincter d'oddi, le drainage sera utilisé pour son action anti-spasmodique et pour éviter tous les phénomènes de ralentissement dans l'écoulement de la bile qui ne ferait qu'aggraver la dysfonction vésiculaire. On utilisera des plantes à activité mixte, cholérétiques et cholagogues dont le liste est mentionnée ci-dessus.
Pour conclure, un drainage phytothérapique protégera de la formation de calculs les sujets à haut risque ou ceux présentant des antécédents personnels ou familiaux de coliques hépatiques.
A défaut d'apporter une solution radicale à la lithiase biliaire, la phytodrainothérapie permettra d'éviter l'aggravation, ainsi que les gênes fonctionnelles digestives propres à la lithiase biliaire et à chacune de ses complications vésiculaires.