SÉNESCENCE : HOMÉOPATHIE ET PRÉVENTION DES PROCESSUS DE VIEILLISSEMENT
4ème PARTIE : OS, CHUTE ET DÉPENDANCE
L'os est un organe vivant !
En intense développement jusqu'à la fin de la croissance et en constante évolution durant toute notre vie, l'os ne cesse de se détruire et de se reconstruire.
Mais cette évolution est individualisée, comme tout ce qui touche notre organisme, répondant aux lois des constitutions et des diathèses.
L'OS SELON LES CONSTITUTIONS :
La constitution est une morpho-bio-typologie permettant de définir par l'aspect du patient certaines sensibilités, ainsi, toutes les constitutions sont touchées par la pathologie osseuse, mais pas de la même façon !
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Dans la constitution carbonique : le sujet a un aspect stable, équilibré, « les pieds sur terre » (au sens propre comme au sens figuré), un fort squelette, des os plutôt gros, des articulations solides, le tout semblant bien supporter la charge du corps.
L'os jouit d'une bonne nutrition calcaire, mais celle-ci est inégale, formant des parties osseuses bien calcifiées et d'autre moins. Le déséquilibre de cette nutrition est responsable de l'évolution vers l'ostéophytose vertébrale.
Le carbonique ayant tendance à retenir et fixer facilement le calcium en l'éliminant peu, tout apport excessif de calcium accompagné ou non de vitamine D, en particulier chez la personne âgée, se traduira par des dépôts calciques à distance du système osseux ainsi saturé : tendons, séreuses, vésicule, reins... entraînant d'autres pathologies invalidantes.
Malgré cette bonne santé osseuse apparente, l'ostéoporose n'est pas exclue au niveau des parties osseuses « mal nourries ».
L'évolution des affections osseuses se fait à bas bruit, avec une préférence donnée aux traitements médicamenteux sur la chirurgie. Les antalgiques simples sont souvent suffisants, et il faut se méfier de la cortisone et de ses dérivés qui a tendance à augmenter le poids de nos patients âgés, souvent déjà en surpoids !
Comme exemple de pathologie du patient carbonique, nous retrouvons souvent la coxarthrose, qui évolue vers la coxavara avec bilatéralisation des lésions pour équilibrer le bassin. La sensibilité au froid et à l'humidité accroît la raideur lombaire et les douleurs.
Médicaments de référence : CALCAREA CARBONICA, et tous les médicaments de la séquence carbonique, qui aboutissent à la lente dégradation : MAGNESIA CARB, KALIUM CARB, NATRUM CARB, BARYTA CARB.
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Dans la constitution phosphorique : le sujet est grand, mince, élancé, longiligne, le squelette fin, les os fluets, les articulations menues et le dos se courbe en cyphose dorsale.
Les poussées de croissance engendrent des « douleurs de croissance » au niveau des diaphyse et épiphyse, une laxité ligamentaire avec des entorses et dans une proportion non négligeable de la scoliose.
La cage thoracique est étroite rendant les phosphoriques fragiles au niveau pulmonaire, les parties centrales des os (diaphyses) s'allongent démesurément avec dystrophies et du rachitisme.
L'élimination du calcium étant plus importante que sa rétention, la déminéralisation est fréquente avec évolution vers l'ostéoporose, la fragilité osseuse avec fractures et tassements vertébraux, et nous assistons à une fragilisation du système ostéo-tendineux.
Médicaments de référence : CALCAREA PHOSPHORICA, et sa séquence MAGNESIA PHOS, KALIUM PHOS, PHOSPHORUS.
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Dans la constitution fluorique : le sujet est dissymétrique, hyperlaxe (bonhomme caoutchouc), « construit de travers ».
Cette dissymétrie ne fera que s'accentuer tout au long de la vie du fluorique avec des dysmorphies osseuses, des ostéopathies d'origine génétique, des entorses vertébrales et une tendance à l'ulcération osseuse.
L'hyperlaxité de la jeunesse laisse place, à partir de la cinquantaine, à la sclérose tendineuse avec raideur et formation d'énormes ostéophytes souvent peu douloureux et de découverte fortuite. Les raideurs et les douleurs sont très souvent à prédominance nocturne, caractéristique générale du fluorique. L'os, imprégné de fluor et apparemment dur, aura une fâcheuse tendance aux fractures de consolidation difficile.
Médicaments de référence : CALCAREA FLUORICA, FLUORICUM ACIDUM.
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Dans la constitution silicique : le sujet est amaigri, déjà fragile, les os fins présentent des attaches articulaires trop grosses pour ce menu squelette.
Le nourrisson présente un gros crâne, un menton étroit, un thorax étroit, un gros ventre, des membres frêles. Il est moite et transpire des mains et des pieds : « le petit crevé » évoluera toute sa vie sur ce mode fragile.
La silice, constituant essentiel de tout tissu conjonctif, et en particulier du tissu osseux, apporte robustesse et solidité. Une anomalie de son métabolisme fragilise les tissus, les rendant plus « mous », avec des fractures fréquentes et de mauvaises consolidations. Plus tard, l'ostéoporose dominera.
Médicament de référence : SILICEA.
L'OS SELON LES DIATHÈSES :
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Diathèse psorique : immense diathèse où toute la symptomatologie alterne, se déplace, revient périodiquement avec le plus souvent une participation cutanée.
Les manifestations osseuses sont à considérer comme des éliminations qui se font préférentiellement au niveau articulaire, en lieu et place des émonctoires habituels.
On retrouve des alternances de manifestations rhumatologiques (poussées d'arthrose, lombalgies, goutte) avec les migraines, des troubles intestinaux, de l'asthme, ou des poussées d'eczéma.
Médicaments de référence : SULFUR (psore qui élimine bien, élément restructurant du cartilage articulaire).
PSORINUM (psore décompensée, asthénique).
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Diathèse tuberculinique : elle est caractérisée par une atteinte du système neuroendocrinien et respiratoire.
La pathologie osseuse est dominée par la déminéralisation et la faiblesse d'un squelette qui a grandi trop vite (exemple : maladie de Scheuermann).
Médicaments de référence : TUBERCULINUM et PHOSPHORUS.
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Diathèse sycotique : diathèse de la rétention.
Au niveau osseux : raideur marquée et chronicité, entraînant la destruction du cartilage par atteinte du tissu synovial et péri-articulaire, sans véritable atteinte articulaire.
La pathologie est aggravée par le repos, aux premiers mouvements du matin et par l'humidité, améliorée par le mouvement lent.
L'atteinte touche surtout les grosses articulations : coxo-fémorales, genoux, chevilles ou lombaires, accompagnée et aggravée par l'obésité et la cellulite.
Il est donc préférable d'éviter les infiltrations contenant de la cortisone, qui aggravent les perturbations endocriniennes de la sycose avec majoration de la rétention.
Médicaments de référence : MEDORRHINUM (qui agit sur les sciatiques chroniques avec agitation des pieds) ; THUYA (sycose avec infiltration) ; CAUSTICUM (sycose sèche avec ankylose majeure et raideur articulaire) ; NATRUM SULF (le roi de la lutte contre la rétention d'eau).
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Diathèse luétique : l'atteinte du tissu élastique et du système nerveux prédominent. Le luétisme déforme et détruit : il est responsable d'atteintes osseuses par déformations aberrantes du périoste et de l'épiphyse avec formation d'ostéophytes. Le rachis reste la cible privilégiée.
L'aggravation des douleurs pendant la nuit est un trait spécifique de la luèse, avec peur nocturne et insomnies rebelles.
Médicament de référence : LUESINUM.
COMMENT PRÉSERVER LE CAPITAL OSSEUX CHEZ LA PERSONNE ÅGÉE ?
Les pathologies osseuses sont la principale cause de la diminution de la mobilité des personnes âgées ou de leur alitement, entraînant inévitablement une dépendance par rapport à l'entourage familial.
Les chutes causées par un déséquilibre, une maladresse, mettent en danger l'intégrité du système ostéo-tendineux.
Prévenir les chutes, préserver le capital osseux, sont 2 voies possibles pour réduire le risque évolutif vers la dépendance.
La raréfaction de la trame protéique osseuse est le lit de la déminéralisation osseuse et de l'ostéoporose, qui rend les os fragiles et propices aux fractures.
Elle est plus fréquente chez la femme, plus exposée à partir de la ménopause par défaut des estrogènes, mais pas exceptionnelle chez l'homme.
Pour lutter contre le phénomène ostéoporotique, il est indispensable d'avoir recours au traitement constitutionnel et diathésique, en doses espacées et en haute dilution :
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Chez le carbonique : CALCAREA CARBONICA.
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Chez le phosphorique : CALCAREA PHOSPHORICA .
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Chez le fluorique : CALCAREA FLUORICA.
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Chez le silicique : SILICEA.
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Chez le tuberculinique : PHOSPHORUS, médicament du métabolisme calcique et phosphorique au niveau de l'os ; TUBERCULINUM.
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Chez le luétique : LUESINUM.
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Chez le sycotique : MEDORRHINUM, THUYA, NATRUM SULFURICUM, CAUSTICUM... Et dans tous les cas de figure SULFUR et SULFUR IODATUM peuvent être prescrits pour leur action restructurante.
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Les médicaments végétaux sous forme de bourgeons peuvent également être utilisés comme : l'Airelle Rouge qui est un médicament des articulations et qui facilite l'assimilation du calcium ; le Séquoia géant, dont les jeunes pousses de printemps favorisent la fortification de l'os et leur minéralisation.
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Les médicaments lithiques provenant des roches comme: APATITE D8 et CALCAIRE DE VERSAILLES D8 qui combattent l'ostéoporose et régulent le métabolisme de l'os.
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Les médicament organiques comme : OS TOTAL ; CARTILAGE ; PARATHYROÏDE utilisés en ampoules perlinguales le soir au coucher.
Il faut insister sur l'importance de l'exercice physique qui entretient la qualité de l'os, la trophicité musculaire, la solidité tendino-musculaire : marche, natation, gymnastique douce...
L'alimentation équilibrée est un élément essentiel : riche en légumes, légumineuses, fruits, acides gras insaturés... Il faut se méfier d'une supplémentation excessive en calcium, ainsi qu'en vitamine D, chez le carbonique qui aura tendance à les retenir et à les déposer à distance de l'os, si la trame protéique osseuse est suffisamment calcifiée.
COMMENT AMÉLIORER LA CONSOLIDATION ET LA CONVALESCENCE LORS DES FRACTURES OSSEUSES ?
Les fractures du col du fémur chez la personne âgée sont TOUJOURS GRAVES, et la guettent à chaque chute ! L'alitement prolongé, le traumatisme psychologique, l'impotence résiduelle en aggrave la mortalité potentielle.
Le traitement visera à la fois la consolidation et le soutien de l'énergie vitale qui conditionnent la guérison. Il sera mis en place le plus tôt possible, avant même la réduction chirurgicale.
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Action sur la consolidation : en granules quotidien 5 à 6 fois par jour alterner : SYMPHYTUM / BELIS PERENNIS / HEKLA LAVA.
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Action constitutionnelle : en doses hebdomadaires en 15CH, alterner chaque semaine ARNICA / CALCAREA FLUOR / SILICEA / SULFUR IODATUM.
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Soutien de l'énergie vitale : deux diathèses sont à traiter en priorité : la psore et la luèse.
La psore est prépondérante et souvent plus évidente. Les remèdes concernés seront : ARSENICUM ALBUM 9 à 30CH ; SEPIA 9 à 30CH ; LYCOPODIUM 9 à 30 CH et RAUWOLFIA 9 CH. Ce dernier remède présente une action remarquable sur la circulation cérébrale et les neurotransmetteurs cérébraux qui apportent la sérénité.
La luèse est responsable de l'altération profonde et progressive du terrain vasculaire par destruction lente et insidieuse du réseau capillaire du cerveau. Les remèdes concernés sont : ANACARDIUM ; AURUM METALLICUM et LUESINUM, indispensable pour son action vasculaire.
COMMENT PRÉVENIR LES CHUTES CHEZ LES PERSONNES AGÉES ?
Un certain nombre de médicaments homéopathiques de la sénescence, précédemment décrits, peuvent aider à garder un bon équilibre et prévenir les chutes.
On peut encore citer :
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CONIUM : inhibition de la coordination des centres de l'équilibre.
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CAUSTICUM : affaiblissement paralytique de l'organisme et des organes des sens, avec ralentissement psychomoteur et déficit intellectuel et mnésique progressifs.
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BARYTA CARBONICA : désorientation spatio-temporelle (vieillard qui se perd dans sa rue, dans son appartement...) ; séquelles intellectuelles et motrices des AVC ; son action est très lente, il faut donc un traitement de très longue haleine à doses espacées.
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TUBERCULINUM RESIDUUM : sclérose, raideur, parésies, maladie de Dupuytren. (atteinte des articulations de la main).
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PLUMBUM : sclérose cérébrale des vasculaires : ralentissement moteur, fonctionnel et intellectuel (ne comprend pas, fait répéter souvent, ne trouve pas le mot juste et cherche longtemps dans sa mémoire...).
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ALUMINA : vieillissement prématuré avec tous les signes de la sénescence : lenteur des mouvements, des réactions, de la marche.
Vivre vieux : oui, mais en forme et indépendant. Tel est naturellement le souhait de chacun de nous.
Pour cela : aimons, bougeons, étudions, mangeons équilibré et soutenons tout cela par un traitement homéopathique bien conduit en fonction de notre individualité ! (constitution, tempérament...).
Bibliographie : Cahiers de Biothérapie Octobre 2015.