SYNDROME PRÉMENSTRUEL ET TROUBLES DES RÈGLES
Aborder le syndrome prémenstruel (S.P.M) est l’occasion d’un petit voyage dans le monde mystérieux de la femme et de ses hormones si souvent décrié mais également incompris et malmené. L’ homéopathie est un formidable outil de valorisation et de régulation de l’expression de ces fluctuations hormonales.
De quoi parle-t-on ?
Le S.P.M. est un ensemble de symptômes psychiques ou physiques gênants survenant régulièrement avant les règles.
Sur le plan clinique, il associe :
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Des signes mammaires avec douleurs, augmentation du volume des seins et parfois présence de quelques noyaux de taille variable.
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Une congestion pelvienne qui associe un ballonnement intestinal et une sensation de pesanteur douloureuse.
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Des troubles psychiques qui sont le plus souvent mineurs avec instabilité caractérielle, irritabilité et anxiété. On pourra noter parfois des troubles dépressifs. Il est à noter que le suicide de la femme ainsi que les meurtres passionnels se produisent souvent quelques jours avant les règles.
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Des manifestations extra-génitales comme les céphalées, les migraines, les œdèmes par rétention d’eau et de sodium, l’hyper-laxité ligamentaire…
Les causes et la physiopathologie du S.P.M. restent encore obscures. Néanmoins, on note qu’il existe de manière indiscutable des anomalies de la perméabilité vasculaire avec des phénomènes congestifs responsables d’œdèmes.
Les œstrogènes augmentent la perméabilité capillaire d’une part et sont responsables d’hypertension ; la prolactine, hormone de la lactation, qui est augmentée dans le SPM a une action hypertensive en provoquant une rétention d’eau et de sodium et participe ainsi à la constitution de l’œdème ; certaines manifestations allergiques du SPM sont en rapport avec une augmentation de l’histamine.
Le SPM est concomitant avec une perturbation du mécanisme de l’ovulation et on peut estimer qu’un déséquilibre de la balance œstroprogestative en deuxième partie de cycle au profit des œstrogènes est le facteur déclenchant principal de la rétention liquidienne et des œdèmes au niveau tissulaire.
Le choix du bon traitement ou des bons remèdes homéopathiques de la SPM s’effectue en 3 temps.
1er TEMPS :
On repère les signes cliniques qui sont les reflets de l’expression hormonale.
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Si la patiente présente des douleurs aux seins (mastodynie), un gonflement abdomino-pelvien, une prise de poids, des troubles veineux et circulatoires, des signes de dépression, d’irritabilité, de repli sur soi, des cycles courts avec des règles courtes et abondantes et des céphalées, on pensera à la possibilité d’une expression hyperfolliculinique. Le traitement possible sera alors FOLLICULINUM 15CH ou 30CH (haute dilution) pour freiner l’expression des follicules, à raison d’une dose par semaine.
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Si au contraire, la patiente présente une baisse de la libido, un état dépressif, une grande fatigue, des douleurs lombaires, un cycle long avec un SPM tardif, une tendance acnéique, on évoquera plutôt un tableau d’expression hypofolliculinique. Le traitement possible est FOLLICULINUM 5CH (basse dilution) pour stimuler le follicule à raison de 5 granules tous les jours à partir du 7e jour du cycle et/ou LUTEINUM 15CH (haute dilution) pour freiner le fonctionnement du corps jaune, à raison d’une dose au 20e jour du cycle.
2e TEMPS :
On recherche le médicament adapté à la patiente, qui englobe les symptômes du SPM ;
La prescription pourra être de 5 granules par jour de 9CH à 30CH suivant le degré de similitude de l’apparition des troubles, ou des doses en échelle sur 3 jours : 1 dose en 9CH le jour de l’apparition des troubles, 1 dose en 15CH le lendemain et 1 dose en 30CH le 3ème jour.
Suivant le morphotype et la diathèse de la patiente, plusieurs grands remèdes majeurs peuvent être proposés :
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ACTEA RACEMOSA caractérise une personne qui présente des troubles physiques, (mastodynies, dorsalgies hautes, céphalées, règles douloureuses et douleurs à l’ovulation) et des troubles psychiques (alternance dépression/excitation/mutisme total/ logorrhée verbale incohérente).
Les troubles psychiques alternent avec les troubles physiques et persistent pendant les règles.
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CALCAREA CARBONICA caractérise une patiente qui va présenter un gonflement douloureux sur des seins déjà hypertrophiés avec des signes de mastose, une congestion pelvienne et des règles abondantes précédées de leucorrhées abondantes et laiteuses. Il s’agit souvent d’une patiente obèse, asthénique, frileuse, lente et peureuse.
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IGNATIA caractérise une patiente anxieuse, paradoxale, qui présente de nombreuses manifestations spasmodiques, qui soupire souvent et présente des céphalées avec sensations de « clous dans la tête » et qui est améliorée par la distraction.
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LACHESIS il sera bien indiqué dans le SPM de la péri-ménopause ou dans tous les symptômes qui disparaissent avec l’apparition de règles abondantes. La patiente va présenter les signes physiques suivants : douleurs des seins, congestion pelvienne, troubles veineux avec ecchymoses faciles, céphalées congestives et battantes à latéralité gauche et thermophobie. De plus, on retrouvera souvent les signes psychiques suivants : alternance dépression/excitation, mutisme/logorrhée incessante, irritabilité, jalousie très prononcée jusqu’à vouloir tuer sa rivale et nombreux cauchemars nocturnes.
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LYCOPODIUM patiente de tempérament anxieux, hyperémotive et qui a besoin d’affection et d’être rassurée. Elle est sujette à des colères souvent intériorisées et à de nombreux problèmes métaboliques et digestifs souvent de latéralité droite. Les règles sont peu abondantes et le SPM présente un syndrome abdominal marqué avec aggravation des troubles digestifs (dyspepsie et flatulence sous-ombilicales).
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NATRUM MURIATICUM : le SPM s’accompagne d’œdèmes par rétention d’eau dans la partie inférieure du corps avec des règles souvent abondantes et douloureuses. Ces patientes présentent souvent des troubles cardio-vasculaires (vertiges et palpitations) et des troubles du comportement avec un isolement volontaire et revendiqué (découragement, dépression et refus de la moindre consolation).
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NUX VOMICA c’est une femme hyper-active, autoritaire, irritable avec recrudescence prémenstruelle, hypersensible aux odeurs et aux bruits, sujette à des troubles digestifs et spasmodiques, à une somnolence postprandiale (après les repas) et aux insomnies vers 3 - 4 heures du matin suivies d’une grande fatigue et d’une fort méchante humeur au réveil.
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PLATINA on va retrouver une patiente d’allure extravagante par sa tenue vestimentaire, son maquillage, ses bijoux, ses hauts talons et sensation de pesanteur et de pression de la région pelvienne, une hypersensibilité génitale avec cycles courts et règles douloureuses.
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PULSATILLA il s’agit d’une femme timide, réservée, émotive, aux joues pâles, souvent blonde, les yeux baissés fixant le sol, rougissant à la moindre émotion. Le SPM va se caractériser par une mastodynie d’origine veineuse, une congestion veineuse des jambes. La puberté est souvent tardive, les cycles sont longs et les règles peu abondantes.
3e TEMPS :
Trouver les médicaments des symptômes, lorsqu’un symptôme prédomine ou est isolé :
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CEPHALEES ET MIGRAINES : on pensera à CYCLAMEN ou LAC CANINUM ou SANGINARIA CANADENSIS (céphalées à prédominance droite).
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MASTODYNIES : on pensera à LAC CANINUM ou BRYONIA (douleurs mammaires améliorées par le port d’un soutien-gorge) ou PHYTOLACCA.
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RETENTION HYDRO-SODEE : on pensera à NATRUM MURIATICUM (maigreur du haut du tronc et prise de volume au niveau des hanches) ou NATRUM SULF (adiposité surtout localisée au niveau de l’abdomen, des fesses et des cuisses) ou THUYA.
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HEMORROIDES ET TROUBLES VEINEUX : on pensera à AESCULUS COMPOSE ou HAMAMELIS COMPOSE.
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GONFLEMENT ABDOMINO-PELVIEN : on pensera à BOVISTA GIGANTEA ou LYCOPODIUM (dyspepsie, flatulence post-prandiale avec douleur de l’hypocondre droit).
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MANIFESTATIONS ORL : on pensera à LAC CANINUM (coryza, sinusite ou angine prémenstruels) ou MAGNESIA CARBONICA (coryza ou mal de gorge avant l’apparition des règles, qui disparaissent à leur arrivée).