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HOMÉOPATHIE ET COLOPATHIE FONCTIONNELLE

L'homéopathie offre une large palette de possibilités. Nombreux sont les médicaments symptomatiques qui trouvent une utilité dans les colites. Les grands remèdes de l'homéopathie ou polychrestes permettent de stabiliser ces terrains fragiles, mais ont aussi des actions ponctuelles. Nombre d'entre eux couvriront plusieurs symptômes à la fois.

On ne donnera ici que les principales caractéristiques de chaque remède, celles qui feront la différence entre certaines subtilités cliniques. Tous les remèdes ne seront pas cités, sinon il faudrait un livre très épais pour être complet. Rappelons enfin, qu'avant tout remède, il faut observer des règles hygiéno-diététiques très scrupuleuses (voire module santé publique).

LES DOULEURS INTESTINALES :

  • COLOCYNTHIS : médicament très fréquent utilisé pour les douleurs intenses soulagées en étant plié en deux, ou en appuyant le ventre sur un objet dur. Parfois il y a ballonnement suivi de diarrhée.

  • MAGNÉSIA PHOSPHORICA : certains le considèrent comme le minéral chronique du remède précédent. Il caractérise les douleurs très spasmodiques, à début et fin brusques, améliorées par la chaleur et la pression.

  • CUPRUM METALLICUM : crampes violentes et brutales de l'abdomen. Spasmodicité diffuse et hyperesthésie à la palpation de la paroi abdominale. Douleurs à début et fin brusques et à grande fréquence, améliorées par la défécation ou en buvant de l'eau.

  • CHAMOMILLA : tout est « trop » chez lui : irritabilité, agitation, intolérance à la douleur. Possibilité de selles verdâtres ou jaunâtres, comme des épinards hachés, mais aussi faux besoins.

  • PLUMBUM METALLICUM : constipation opiniâtre, douleurs améliorées par la pression forte et en «étant plié  en deux ». Abdomen rétracté en arrière, comme collé sur le rachis.

  • NUX VOMICA : spasmes après les repas avec RGO et somnolence ; patient amélioré par un court repos. Ballonnement épigastrique, constipation spasmodique avec faux besoins. Ce plus grand remède de la matière médicale homéopathique caractérise un patient intoxiqué chronique, sujet à tous les abus (médicaments, alcool, tabac, café, repas copieux, apéritif…). Il aime à se faire vomir en s'enfonçant profondément deux doigts dans la bouche.

  • BELLADONNA : douleur après avoir pris froid, à début et fin brusques. Sensation de chaleur dans le ventre, qui est hypersensible au moindre contact et à la moindre secousse. Le patient est amélioré sur le ventre ou penché.

  • VERATRUM ALBUM : sensation de froid dans le ventre. Inertie rectale ou, à l'inverse, diarrhée cholériforme avec violentes nausées. Malaise et évanouissement après la selle avec sueurs froides : c'est un remède d'urgence !

  • BRYONIA : douleur en un point, améliorée par la pression forte et l'immobilité. Ballonnement, constipation avec de grosses selles toutes sèches, calcinées, chez un gros mangeur de viande. Soif de grandes quantités d'eau froide.

  • IGNATIA : douleurs en un point, non améliorées par la pression forte. Constipé souvent en voyage dans un contexte de spasme, de nervosité, de paradoxes et d'hypersensibilité aux contrariétés.

BALLONNEMENT ABDOMINAL OU MÉTÉORISME :

  • CARBO VEGETABILIS : ballonnement épigastrique, avec difficulté respiratoire (dyspnée) et parfois palpitations. Aggravé par des aliments gras et après les repas. Brûlures gastriques avec parfois hernie hiatale. Le patient rougit de manière très prononcée, après avoir bu du vin.

  • CHINA : le premier remède expérimenté par Hahnemann. Météorisme global de tout le ventre avec émission de gaz qui ne soulagent pas ; douleurs améliorées par la forte pression. C'est un grand médicament de diarrhée épuisante avec gaz, aggravée par les fruits et par temps chaud. Les selles sont fétides, putrides et contiennent des débris alimentaires. Le patient est très fatigué après la selle, parfois hémorragique. L'autre grand remède de la diarrhée avec CHINA est PODOPHYLLUM, qui est beaucoup moins gazogène que CHINA.

  • NUX MOSCHATA : ballonnements majeurs avec constipation atonique : tout ce qu'il avale semble se transformer en air.

  • COCCULUS : ballonnement important avec des gaz qui ne soulagent pas. Le patient est aggravé après avoir absorbé des féculents. Diarrhée fréquente et nausée : médicament du mal des transports.

CONSTIPATION ET DIARRHÉE :

  • ALUMINA : sécheresse cutanéo-muqueuse, avec excoriations anales. Selle sèche, volumineuse, difficile à expulser. Constipation atonique par déficit neurologique associé chez une personne âgée.

  • CAUSTICUM : également un médicament d'atonie intestinale par déficience neurologique. Les selles sont minces, laminées, et on dit classiquement qu'elles passent mieux en position debout.

  • HYDRASTIS : constipation chronique atonique, avec selles dures, morcelées, recouvertes de mucosités jaunâtres épaisses. Contexte hépatique et biliaire, avec anorexie, asthénie, amaigrissement et douleurs abdominales crampoïdes. La langue est jaune et garde l'empreinte des dents.

  • CROTON TIGLIUM : diarrhée dès l'absorption du moindre aliment.

  • GELSEMIUM : diarrhée émotionnelle par le trac et l'angoisse.

  • MERCURIUS SOLUBILIS : selles glaireuses, bilieuses, irritantes, purulentes. Grande soif, langue blanche avec salivation excessive.

  • PODOPHYLLUM : l'autre grand remède de la diarrhée avec CHINA, mais sans les gaz. Selle jaune, jaillissante, en forme de jet de lance à incendie, suivie de grande faiblesse. Douleur de la fosse iliaque gauche, améliorée par la friction et allongé à plat ventre.

LES DOULEURS ABDOMINALES DE L'ENFANT :

Il est hors de question d'être exhaustif car d'une part le traitement dépend de la cause, d'autre part, le nombre de médicaments pouvant être utilisés est très élevé. Nous nous contenterons de donner quelques clefs thérapeutiques de la pédiatrie.

  • ACONIT : médicament bien connu des suites de peur ou de frayeur, il a aussi de nombreux symptômes digestifs, en particulier des selles fréquentes, vertes, ressemblant à des épinards hachés et accompagnées de faux besoin.

  • ARGENTUM NITRICUM : grand médicament des maladies inflammatoires chroniques de l'intestin. Il se manifeste par une diarrhée avec des selles vertes comme des épinards hachés, ou qui deviennent vertes en séchant, après avoir taché les vêtements. Expulsées avec beaucoup d'éclaboussures et beaucoup de gaz, elles sont mélangées avec des débris muqueux de l'intestin.

  • CALCAREA PHOSPORICA : excellent remède pour les enfants qui ont des maux de ventre tout de suite en mangeant ou après avoir mangé ou après une contrariété, avec diarrhée où les selles passent avec beaucoup de gaz.

  • GELSEMIUM : présente une diarrhée soudaine, indolore, souvent involontaire de couleur crème ou de thé vert, survenant à la suite d'une mauvaise nouvelle, d'une peur ou de toute autre excitation émotionnelle.

  • IGNATIA AMARA : douleurs abdominales répétitives des enfants, très souvent d'origine psycho-affective, parfois pseudo-appendiculaire.

LES POLYCHRESTRES :

Ils comportent l'un ou l'autre des symptômes précédemment cités, ou plusieurs d'entre eux ; ce sont eux qui pourront contribuer à modifier le terrain de ces maladies souvent difficiles à soigner.

  • ARGENTUM NITRICUM : l'angoissé précipité, pour qui le temps passe trop lentement, sujet au tract par anticipation avec désir de fuir, hyperactif désordonné et phobique multiple (agora et claustro) avec vertiges des hauteurs. Sur le plan digestif, besoin de sucré, de chocolat (qui aggravent son état digestif et stomacal). Diarrhée après avoir bu ou mangé, par le tract et les émotions : gaz, ballonnement, colopathie, selles membraneuses avec glaires, pus et sang noir foncé.

  • ARSENICUM ALBUM : encore un hyper-scrupuleux, angoissé, asthénique, agité, peureux, hypocondriaque, dépressif, obsessionnel, phobique (microbes, saletés), alternance de dépression et d'excitation, aggravation à 1 heure du matin. Le patient est avare et méthodique et peut présenter un aspect sale et rébarbatif, bien que chez lui, tout peut être hyper bien rangé au millimètre près (assiettes, verres et couteaux alignés comme dans un défilé militaire ! ).

    Nausées, soif de petites quantités d'eau froide rapidement revomie, diarrhée noirâtre et fétide, irritante et épuisante. Faiblesse et tremblements après la selle et altération rapide de l'état général.

  • LYCOPODIUM : un des médicaments majeurs dans cette grande pathologie ! On le reconnaît à des signes généraux. Sur le plan digestif, plusieurs symptômes marquants : préoccupation pour l'alimentation, très sélectif dans ses choix, plus gourmet que gourmand (contrairement à NUX VOMICA). Rassasié dès les premières bouchées. Aggravé par de nombreux aliments (huîtres, crustacés, oignons, ail). Désir d'aliments chauds, de mets sucrés. Ballonnements abdominaux bas, tardifs (entre 17 heures et 20 heures) avec reflux gastrique. Gaz abondants, borborygmes. Somnolence après les repas avec pesanteur de l’hypocondre gauche. Fringale nocturne très accentuée : se réveille en pyjama et descend silencieusement dans la cuisine pour dévaliser le frigidaire. Psychisme très proche de celui décrit pour le colitique (consciencieux, irritable, ambigu, calculateur, scrupuleux, auto-dépréciation, obsessionnel…).

  • NATRUM MURIATICUM : ce spasmophile volontiers amaigri du haut du corps, et ce malgré un bon appétit, privilégiant le salé avec soif de grande quantités d'eau souvent répétées, peut alterner ses besoins avec des phases d'anorexie. Ses selles sont souvent sèches et s'émiettent lors de l'émission. De caractère réservé, aggravé par la consolation, pudique dans ses sentiments, il se sent faible et déprimé, irritable et susceptible.

  • SEPIA : atonie, apathie, stase et ptose caractérisent le plus souvent une femme qui porte en elle toutes ses contradictions : fuit la compagnie, mais peur de la solitude ; psychasthénie mais hyperactivité ; soumission mais agressivité ; irritabilité mais indifférence active ; autodépreciation mais orgueil ; repousse le mari, mais glorifie le père ; pessimisme, mais engagement pour une cause humanitaire ; insatisfaction mais altruisme.

    Sur le plan digestif : dégoût pour la nourriture (sauf sucré et vinaigre), constipation atonique (parfois besoin du doigt pour aller chercher les selles), dolichocôlon (colon douloureux), nausées, migraines, insuffisance hépatique.

  • SILICEA : ce grand frileux, suppuratif chronique, souffre volontiers de constipation avec des selles très fines, à ressort (elles montrent le bout de leur nez et elles rentrent), sèches, avec des faux besoins doublés d'une paresse intestinale. Diarrhée après vaccination, aux grandes chaleurs ou par le froid humide. C'est également un médicament d'anorexie mentale.

  • SULFUR : le chef de file de la psore éclatée, caractérisé par ses périodicités, sa fatigue, les alternances morbides, ses sensations de brûlures, sa tendance à avoir trop chaud. Son caractère est sociable et optimiste, jovial et bon vivant, franchouillard, mais il vit volontiers dans un monde d'illusions de sa propre image, ce qui le rend égoïste, peu fiable et mythomane. Très attiré par les sucreries et l'alcool, il a une haleine fétide et répugnante, des brûlures gastriques, un abdomen ballonné, bruyant et douloureux ; il est soit constipé, soit diarrhéique tôt le matin (5 – 7 heures), avec irritations anales.

  • THUYA : le grand obsessionnel inquiet, impressionnable et abattu. Sujet aux idées fixes (illusion d'avoir une faiblesse des membres ou quelque chose de vivant dans le ventre), hypersensible aux émotions et à la musique. Très sensible à l'humidité.

    Sur le plan digestif : ballonnements, borborygmes, mouvements intestinaux intenses, diarrhée jaillissante avec gaz après le petit déjeuner ou constipation spasmodique avec selle à ressort (voir plus haut pour explication).

Nous voyons ainsi que la réponse homéopathique à ces colopathies fonctionnelles reste d'une offre large. Il nous reste à l'explorer au mieux de nos propres possibilités. Et presque systématiquement, on aura intérêt à rééquilibrer la flore intestinale, qui se trouve être l'acteur vivant et grouillant de cette extraordinaire interface biologique entre nous et le monde extérieur que représente la muqueuse intestinale. Cette flore qui est un trait d'union commun à nous tous fonde notre individualité dans ce vaste monde qui est, durant notre courte existence, le lieu d'asile qui daigne nous accueillir avec autant de générosité.

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