LA FATIGUE ET LE STRESS
FATIGUE ET TERRAIN HOMÉOPATHIQUE :
Le terrain homéopathique est caractérisé par deux entités de raisonnement. La constitution est une biotypologie qui permet de mieux comprendre des prédispositions physiologiques assez immuables (la constitution évolue au cours de la vie, mais aucun traitement ne la modifie).
Le mode réactionnel chronique (MRC) ou diathèse est une vision beaucoup plus dynamique qui, contrairement à la constitution, se modifie par le traitement homéopathique.
Traiter un terrain consiste donc à traiter le MRC en tenant compte de la constitution.
Une approche par la constitution ne permet pas obligatoirement de trouver les médicaments optimaux pour sortir un patient de la fatigue. Mais sans nul doute de situer son niveau d'énergie dans ce concept particulier que l'on nomme la dégradation constitutionnelle, qui se fait toujours du niveau d'énergie le plus élevé au moins élevé dans le sens suivant :
CALCAREA → MAGNESIA → KALIUM → NATRUM → AMMONIUM → ACIDUM → BARYTA.
Une fois la série déterminée (carbonique, phosphorique, fluorique), le niveau énergétique optimal du calcarea pourra se dégrader au maximum jusqu'au baryta.
Rappelons une fois encore que c'est l'examen du patient déshabillé qui permet cette biotypologie et non pas un regard rapide qui fera classer tous les gros chez les carboniques, tous les maigres chez les phosphoriques et tous ceux affublés d'une asymétrie rachidienne chez les fluoriques.
La fatigue est une excellente approche pour cibler chez le patient la diathèse ou MRC. Ce symptôme si commun, si passe-partout, si vague est une porte royale pour comprendre le terrain. La fatigue est une diminution de la dynamique vitale d'une manière très globale. Être fatigué, c'est voir diminuer ses capacités à se mouvoir dans sa propre existence, dans le sens physique, psychologique et symbolique.
Les quatre diathèses principales vont être pleinement partie prenante dans ce grand symptôme général.
I - LA FATIGUE DE LA PSORE :
La psore est certainement la diathèse la plus en phase avec la fatigue. D'un point de vue du ressenti du patient, l'alternance entre forme et méforme particulièrement présente dans la psore, fait de la fatigue un signe positif de la psore.
La psore est la diathèse la plus proche de la physiologie normale. Un patient qui est purement psorique est un patient qui va plutôt bien, sauf s'il s'agit de la psore épuisée de PSORINUM et encore, celle-ci a toutes les chances d'avoir des réserves suffisantes. La psore représente l'alternance et la périodicité la plus caractéristique du vivant tout simplement. Nous démarrons notre existence par une alternance de vie intra-utérine et de vie aérienne, par une double périodicité biologique, cardiaque (systole/diastole) et respiratoire (inspiration/expiration).
Il est donc logique que la fatigue soit présente dans un grand nombre de médicaments psoriques. Il s'agit d'une fatigue profonde voire parfois d'un épuisement. Au minimum le psorique est toujours patraque et enclin à des coups de pompe. Le matin, après le déjeuner ou en fin d'après-midi, la fatigue psorique peut survenir à chaque instant et sans traitement de fond, elle peut devenir globale et s'installer durablement.
Les remèdes utilisés sont, outre PSORINUM : SULFUR, LYCOPODIUM (qui vit au rythme de sa digestion), HEPAR SULFUR (qui se réfugie tout le temps au lit), SEPIA (fatigue de la femme avec pesanteur et ptose générales)…
II - LA FATIGUE DU TUBERCULINISME :
Ce qui va caractériser la fatigue tuberculinique est une fatigue rapide, subite, alternant avec des phases de bonne énergie voire d'exaltation.
D'autre part la sensibilité de la sphère nerveuse et émotionnelle rend le tuberculinique très atteint par la fatigue « dite nerveuse », c'est à dire causée par l'anxiété, le stress ou le manque de sommeil.
La fatigue du tuberculinique est une fatigue du matin, illogique du point de vue de la physiologie puisque nous devrions être « réparés » par une bonne nuit de sommeil. Le tuberculinique va mieux ensuite, comme si l'activité et le mouvement l'amélioraient.
Si le psorique est profondément fatigué, le tuberculinique est surtout fatigable. Le surmenage est à la fois la preuve qu'il n'est pas toujours fatigué puisque l'énergie est disponible durant cette phase, et la preuve que le système nerveux est ce qui tient ou pas le tuberculinique en forme.
Bien entendu, si la méforme est surtout physique chez le psorique, elle sera surtout intellectuelle avec incapacité à apprendre et à penser chez le tuberculinique.
A côté de TUBERCULINUM qui réunit toutes les causes de fatigue du tuberculinique, nous trouverons : PHOSPHORUS et ses acolytes : PHOSPHORICUM ACIDUM, KALIUM PHOSPHORICUM et CALCAREA PHOSPHORICA ; ARSENICUM ALBUM, NATRUM MURIATICUM (nostalgique, déprimé et hyperémotif).
III – LA FATIGUE DU LUÉTIQUE :
Ce n'est pas ce qui caractérise en premier la luèse. Le luétique est souvent fatigué mais cela est la conséquence de symptômes bien plus lourds et la fatigue est rarement la première responsable. Le luétique dort mal, ses symptômes sont tous aggravés la nuit ; il en résulte une inversion du nycthémère et certainement un « épuisement nerveux. » Il est l'objet de multiples obsessions fatigantes et de troubles du système nerveux profond. C'est un grand névrosé, en proie à des démons intérieurs épuisants (vie nocturne et festive avec consommation d'alcool compulsive voire de drogues illicites).Ce sont des clichés certes, mais qui ont tout de même une certaine réalité chez bon nombre de patients, à un degré plus ou moins grand. Ce type d'existence est source de fatigue et d'épuisement nerveux avec une atteinte psychique très profonde proche de la névrose.
Les remèdes les plus importants seront : MERCURIUS SOLUBILIS, PHYTOLACA, AURUM METALLICUM, CONIUM MACULATUM, NITRICUM ACIDUM et le prototype même de l'humilié et du vexé qui est STAPHYSAGRIA.
IV – LA FATIGUE DU SYCOTIQUE :
Ce n'est pas la fatigue qui caractérise le sycotique, mais le ralentissement. Le métabolisme, les échanges, les éliminations sont ralentis. Le psychisme également. Tout est lent dans la sycose. Il faut y voir un ralentissement lié à ce qui « tourne en boucle », et de fait avance moins vite. Ce sera le cas des obsessions et des idées persistantes. Tout cela ne fleure pas la bonne forme et la belle énergie. Le sycotique, ralenti, est surtout triste, englué dans la tristesse.
Les principaux médicaments indiqués seront : NATRUM SULFURICUM (dépressif et colopathe), THUYA (vieil arthrosique inquiet, hypocondriaque, patraque et angoissé), GRAPHITES (hypothyroïdien), CAUSTICUM (paralysé par ses nombreuses raideurs et ankyloses), DULCAMARA (caractérisé par son aggravation par climat humide, fatigué au réveil et triste le matin après une nuit agitée)…
Devant un patient fatigué, la diathèse ou MRC est donc une piste royale pour entrer plus vite et plus précisément dans les médicaments indiqués. C'est aussi une manière de décortiquer cette entité souvent floue que l'on appelle fatigue : fatigue physique, dépression, maladie organique, sinistrose, toute démarche homéopathique ne doit pas s'arrêter au mot « fatigue » et s'en tirer à bon compte en prescrivant un arrêt de travail (pour les médecins) ou quelques oligo-éléments ou vitamines. Chercher ce qu'il y a derrière ce mot vague et si commode pour le patient sera puissamment aidé par une des grandes forces du raisonnement homéopathique qui réside dans la démarche d'établir la constitution d'abord, puis ensuite la diathèse.
LES PRINCIPAUX MÉDICAMENTS HOMÉOPATHIQUES CHEZ L'ENFANT ET L'ADOLESCENT :
Après avoir exclu des causes médicales précises et avoir guidé la famille vers des changements de rythme de vie nécessaires, nous possédons avec l'approche homéopathique un outil précieux et unique de soutien. Vue la diversité des causes possibles, nous allons nous focaliser sur les médicaments retrouvés le plus souvent chez l'enfant et l'adolescent.
Tout d'abord, rappelons que la fatigabilité est un des mots clés des médicaments tuberculiniques. Selon le type sensible, nous allons donc facilement trouver des indications pour la prescription de remèdes tels que :
ARSENICUM ALBUM, CALCAREA PHOSPHORICA, KALIUM PHOSPHORICUM, PHOSPHORUS, PHOSPHORICUM ACIDUM, PULSATILLA, TUBERCULINUM…
A côté de ces médicament basiques, nous conseillerons également :
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SILICEA : l'enfant est malingre et se fatigue vite. Il est vif, intelligent, entêté, timide mais également anxieux et craint toujours de ne pas y arriver. Il manque de résistance et les infections à répétition avec une tendance à la suppuration se répètent.
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CHINA : la fatigue accompagne une phase de convalescence après une maladie infectieuse, surtout si elle a été marquée par une perte liquidienne. L'enfant est faible et pâle avec des cernes importants sous les yeux. C'est souvent un enfant têtu et autoritaire, détestant la consolation et ayant tendance à toujours critiquer les autres.
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PHOSPHORICUM ACIDUM : c'est un des grands médicaments de « suite de surmenage intellectuel », souvent indiqué chez l'écolier ayant trop d'activité, auquel on demande d'assimiler trop de savoir, jusqu'à vider ses ressources énergétiques. Il a tendance à se faire silencieusement des soucis, à se décourager, à déprimer un peu avec une incitation à s'isoler et à prendre du poids après un chagrin très marqué.
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KALIUM PHOSPHORICUM : suite à un surmenage, le sujet éprouve un sentiment d'incapacité cérébrale, des difficultés de compréhension, des baisses de mémoire, des oublis de mots ou de lettres. L'étudiant ressent des maux de têtes pesants, récidivant chaque jour avec un sommeil perturbé.
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ANACARDIUM ORIENTALE : ce médicament convient à un sujet, qui, suite à un effort intellectuel, se plaint de fatigue et de céphalées. Il se montre agressif envers son entourage, éprouve le besoin de réfléchir longtemps avant de répondre et voit son comportement amélioré en mangeant.
Il faut aussi penser selon les cas à : ZINCUM METALLICUM (fatigue nerveuse avec troubles du sommeil fréquents), SEPIA (enfant introverti avec concentration difficile et lenteur de l'esprit), FERRUM METALLICUM (fatigue par anémie et vertiges par épuisement)
ÉTUDE D'UN CAS CLINIQUE :
Jean, 12 ans, est amené pour la 1ère fois en consultation homéopathique par sa grand-mère paternelle. Il vit avec celle-ci et son père depuis que sa maman est décédée d'une maladie très grave il y a 18 mois.
Pour le soutenir sur le plan psychologique, Jean a vu quelquefois un psychomotricien, puis n'a plus voulu y aller. En consultation, sa mamie dit qu'elle le trouve fatigué et nerveux, il mangerait peu et mal et n'arrive pas à s'endormir le soir. Il est très attiré par le sucré et aime les fruits. Il joue plusieurs heures tous les jours aux « jeux de destruction » sur sa tablette. Il montre des tics, type clignements des yeux, surtout quand il passe encore plus de temps que d'habitude avec sa tablette. Ses résultats scolaires ont baissé récemment.
Jean est un beau garçon frêle, mince et grand , avec de longs cils et des traits réguliers. Il se tient un peu courbé sur sa chaise et n'a évidemment pas envie d'être là et qu'on parle de lui. Son visage se referme encore d'avantage quand la voix de mamie prend un air de reproche. Un soupir accompagne ses yeux qui tournent vers le haut en désaccord. L'examen clinique est sans particularité.
La première prescription se compose de PULSATILLA 30 CH : 1 dose répétée 15 jours après (surtout pour son deuil, sa variabilité de l'humeur, car à chaque fois que sa mère est évoquée, on note chez lui un très bref moment de crispation), puis CALCAREA PHOSPHORICA 15 CH : 1 dose tous les 15 jours (remède de constitution pour le type sensible) et KALIUM PHOSPHORICUM 9CH : 5 granules 3 fois par semaine (fatigue en lien avec le surmenage cérébral et les troubles du sommeil). Il lui est également prescrit un supplément en magnésium et vitamine B6.
Lors de la consultation, sans lui faire la morale, il lui est expliqué l'effet néfaste à long terme des jeux vidéo surtout sur le sommeil et les effets négatifs d'une alimentation déséquilibrée sur les capacités d'attention et de concentration.
Jean est revu en consultation 3 mois après. Sa mamie le trouve toujours nerveux mais beaucoup moins fatigué et surtout il n'a plus de tics. Les dernières évaluations ont été plutôt bonnes. Il joue un tout petit peu moins à la tablette, mais mange toujours aussi mal. L'endormissement est bien plus facile. Il n'a pas pris le complément en magnésium et en vitamine B6, car le goût des sachets ne lui plaisait pas.
Son regard au début de la consultation est toujours aussi fermé. Il est demandé à la mamie, un peu trop envahissante, de quitter la pièce et de le laisser seul avec le médecin homéopathe. Une discussion informelle s'engage sur les effets très négatifs des jeux vidéo et d'une alimentation mal équilibrée. Ce fut un dialogue enrichissant et constructif. Premier petit sourire de sa part en partant.
La deuxième prescription se compose de PULSATILLA 15CH, 1 dose tous les 15 jours en alternance avec CALCAREA PHOSPHORICA 15CH tous les 15 jours. Nous continuons KALIUM PHOSPHORICUM 9CH à la même posologie. Pour la supplémentation alimentaire, on choisit des sirops qui passeront certainement mieux au niveau du goût avec une formule comprenant 22 vitamines et des oligo-éléments et des oméga 3.
En conclusion il est convenu de revoir Jean dans 3, 4 mois, tout seul dans le cabinet de consultation, sa mamie dans la salle d'attente, pour établir progressivement une relation de confiance avec lui.
STRESS, BURN-OUT ET SYNDRÔME D'ÉPUISEMENT PROFESSIONNEL DANS LE CADRE DE L'HOMÉOPATHIE :
INTRODUCTION :
Ce monde changeant de travail qui émerge dans la douleur des restructurations est le plus grand laboratoire sociologique des rapports humains. La grille de lecture que la psycho-dynamique du travail offre à la matière médicale, situe le MOI SOCIAL dans un triangle de relation entre :
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Le MOI-OBJET : rapport à la production de biens et de services (le çà de Freud).
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Le MOI COLLECTIF : le rapport aux autres ; on se situe dans l'aspect répressif du sur-moi de Freud : cadre, règlement, hiérarchie, statut et dans l'aspect nourricier (syndicat, reconnaissance, soutien).
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LE RAPPORT A SOI : fruit de sa propre éducation, expérience de vie, injonctions parentales.
De l'harmonie entre ces 3 états dépendent :
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Le stress au travail et ses dérives (dépression, burn-out).
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Les stratégies d'adaptation du moi au travail ou homéostasie.
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Les structures de personnalité.
LE STRESS :
La conscience de notre faible capacité à affronter les défis de la vie (dont le travail), fait que le danger n'existe qu'en regard de son appréciation subjective.
Certains individus sont peu sujets au stress, parce que optimistes et confiants dans leurs émonctoires : le prototype en est SULFUR.
D'autres recherchent le stress, moteur de leur ambition, sel de leur vie : c'est le cas de AURUM METALLICUM et NUX VOMICA.
Les patients de constitution carbonique, lents, ayant un fort instinct de conservation, redoutent tout changement d'environnement et sont très exposés au stress. Ils courbent le dos, « font l'autruche » comme par exemple : CALCAREA CARBONICA (le plus peureux de la matière médicale), KALIUM CARBONICUM, GRAPHITES (avachi, dos courbé sous les moqueries et les coups de pied au cul pour le remuer, appréhende chaque matin le stress du jour à affronter), BARYTA CARBONICA (puéril et scléreux avant l'âge, parvenu au stade ultime de la dégradation et n'aspire qu'à la maison de retraite où tout est pourvu).
LE SYNDROME DU BURN OUT :
S'il perdure, le stress mène à l'épuisement selon le modèle décrit par Hans Seyle : tout d'abord phase d'adaptation, puis phase de lutte avec sécrétion accrue de corticoïdes, puis phase d'effondrement anergique.
Le syndrome d'épuisement professionnel est avant tout émotionnel : pour s'être trop donné, vidé de toute son énergie, le patient ne peut plus assumer sa tâche.
Brisé le clivage protecteur moi professionnel / moi intime, que protège l'anesthésie affective contre toute brèche du moi par l'autre en quête d'écoute.
La relation est dépersonnalisée : il y a mort du moi-social dans la relation à l'autre. Le soignant devient « soi-niant » et le soigné devient « soi-nié » ; il y perte du sens, de l'idéal que l'on se faisait de sa profession et de la réalisation et de l'accomplissement de soi au travail.
Les principaux remèdes homéopathiques du burn out sont :
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CALCAREA PHOSPHORICA : a grandi trop vite, sans le temps de s'étoffer. Conscient de sa fragilité osseuse et respiratoire, vif, agité, mais si fatigable et mal armé pour les luttes de la vie, il fuit le stress et ressasse sa vie pour ne pas affronter le réel.
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KALIUM PHOSPHORICUM : suite de surmenage mental, vidé de son énergie, il devient incapable d'affronter le monde. Désarroi de perte de sa compétence professionnelle, il s'absente de plus en plus souvent et aspire au statut d'invalidité. Il se protège dans sa coquille d'où il sort la nuit, heure des règlements de compte avec ce moi-social qu'il fuit constamment. Il dégénère en PHOSPHORUS (les batteries sont vides) puis en PHOSPHORICUM ACIDUM : l'allumette est éteinte, le désinvestissement total, le patient ne s'intéresse plus à rien et n'a ni le goût, ni la force d'entreprendre la moindre chose.
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MANGANUM et SILICEA : deux « loosers » retirés de la compétition du monde du travail et vaincus par la disparition de leur énergie. Ne se sentent bien qu'au lit, ce qui n'absout pas l'anxiété de MANGANUM pour des choses insignifiantes qu'il tente de dissiper en marchant, mais plus il déambule, plus il se sent anxieux, d'autant plus qu'il tient mal sur ses jambes douloureuses.Quant à SILICEA, souvent né prématuré, quasi inachevé, il gardera toute sa vie bien ancré, le souvenir de sa précarité physique et le fait que la vie ne fait pas de cadeaux aux faibles : d'où l'obstination à se hisser au premier rang, coûte que coûte et souvent au détriment de sa santé. Conscient de ne pas disposer de la force physique et mentale nécessaire, il sera coutumier du stress de performance et souvent du syndrome d'épuisement professionnel !
LES STRATÉGIES D'ADAPTATION DU MOI AU TRAVAIL :
Il existe différents mécanismes de défense où la souffrance au travail est le prix à payer pour intégrer la charge de travail. C'est le rapport moi/objet au travail.
Suivant les structures de personnalité, le rapport à 'autre sera différent et le traitement homéopathique également.
Schématiquement, dans le milieu socio-professionnel, les psychologues et les cliniciens distinguent 3 sortes de personnalités :
1) Personnalité anxieuse : elle a une faible estime de soi, est très sujette au stress. Le rapport à l'autre, sur son lieu de travail est toujours d'ordre affectif.
PULSATILLA est enquête d'approbation, de soutien, fortement soumise et dépendante.
THUYA rumine et retourne contre lui l'agressivité du stress ; il a honte de sa médiocrité, ne s'autorise pas à réussir car fasciné par l'échec.
PLATINA, qui ne vit que par et pour le regard de l'autre, pose bien des problèmes au travail. C'est une femme toujours aguicheuse et séductrice qui se venge en semant la zizanie dans les ménages.
LYCOPODIUM cache un moi fragile qui doute de lui.
SEPIA est en quête de reconnaissance du père incarné par le supérieur hiérarchique qui est sa dévotion, mais dont elle se sera jamais la maîtresse ! Repliée sur elle, si dépressive que sa vie n'est que devoir, sans plaisir ni joie, elle a toujours refusée les avances sexuelles de son patron !
2) Les personnalités au calme adaptable : elles sont posées, réfléchies et analysent les éléments de chaque situation, sans se surinvestir, en se préservant avant tout. C'est l'exemple des carboniques qui ont plutôt l'instinct de conservation que l'instinct de vie-libido.
3) Les personnalités au caractère émotif et colérique : elles sont actives, passionnées, ambitieuses, et souvent bipolaires avec un moi hypertrophié.
Les deux exemples caractéristiques sont : NUX VOMICA et AURUM METALLICUM. Ces patients ont leur ego hypertrophié ; autrui n'est pas alter- ego, mais au service de leur propre ambition personnelle : NUX VOMICA celle de gagner, AURUM celle d'accomplir le destin quasi divin de sa vie (peu importent les dégâts collatéraux : collègues harcelées, broyées et femmes soumises à leur exigences mâles).
4) Les personnalités sycotiques : le principal remède est THUYA qui reflète parfaitement la diathèse de la démission, du pessimisme, de la soumission, de la mal-estime de soi. L'instinct de vie, la libido sont comme inactivés, pris en otage au sein de ses « tumeurs mentales » qui, du fond des cryptes de l'inconscient, exercent leur pouvoir de nuisance c'est à dire : ruminations mentales, pensée négative, abandon de tout idéal, le malade ne se donne pas le droit de réussir et est fasciné par l'échec. Cependant, l'instinct de vie primant tout, le malade cherche un exutoire en sublimant son moi et le trouve parfois chez THUYA.
Dans le cas contraire, THUYA traînera toute sa vie le doute de soi masochiste, ruminera sa petitesse, aura honte de sa laideur, se conformera toujours à l'opinion d'autrui et à un modèle d'identification inaccessible : il sera alors la proie facile d'un manipulateur ou d'un harceleur au travail.
CONCLUSION :
L'art de l'homéopathe est de restituer au souffrant du travail le sens véritable et caché de son comportement névrotique au sein de son activité professionnelle. Les symptômes actuels ne sont que la réaction d'anciennes blessures, enfouies jusqu'au tréfonds de l'enfance, dont le deuil inachevé ne permet pas la confrontation entre les trois états du moi social, vus précédemment. Quel meilleur décodeur que le miroir de son être et de son existence, miroir de son moi, miroir réfléchissant de son mal-être au travail ?
Nous terminerons cette passionnante étude du mal-être au travail par un cas clinique concret.
Cette aide-soignante qui se sectionne le tendon de l'index au travail. Vite réparé et vite rééduqué. Le chirurgien est très satisfait, mais le doigt refuse obstinément de bouger. Il lui est proposé, après un long arrêt de travail, le poste d'hôtesse d'accueil dans l'hôpital, pour un mi-temps thérapeutique. La patiente est catastrophée ! La DRH a fait pourtant le maximum pour, selon leurs propres termes, cette ingrate jamais satisfaite, sans cesse en train de pleurnicher.
Elle consulte un médecin homéopathe, très déprimée et désemparée. Ce spécialiste applique alors la maxime suivante : « derrière des douleurs que rien n'objective, derrière des plaintes injustifiées envers les collègues et la DRH, se cache toujours un deuxième corps latent qui explique l'absence de guérison du premier, malgré les soins. Seule l'émergence de ce deuxième corps engage le premier sur le chemin de la guérison et du retour à l'emploi ».
Le traitement sera le suivant : une dose de STAPHYSAGRIA 9CH le premier jour, une dose en 12CH le huitième jour, une dose 15CH le quinzième jour pour éponger la susceptibilité et la tristesse avec des granules au quotidien de HYPERICUM pour les douleurs des terminaisons nerveuses.(3 prises quotidiennes)