LA DOULEUR GASTRIQUE EN HOMÉOPATHIE

De siège épigastrique, elle est très souvent purement fonctionnelle et en rapport avec une gastrite, c'est à dire une inflammation de la muqueuse, dont on sait la fréquence depuis la multiplication des fibroscopies. Elle peut évidemment dissimuler un syndrome organique grave : ulcères, volumineuses hernies hiatales, cancer, anémie de Biermer, syndrome de Zollinger-Ellison (sécrétion de 5 litres d'acide chlorhydrique par jour).

L'élimination étant faite, nous nous trouvons en face d'une symptomatologie qui s'exprime par plaintes subjectives :

• Ça tord : c'est tout le domaine des crampes d'estomac.

• Ça brûle : c'est le domaine de la dyspepsie hypersthénique.

• Ça pèse et ç'a gonfle : la dyspepsie hyposthénique.

ÇA TORD :

Le domaine des crampes gastriques est couvert par trois bons remèdes principaux d'action ponctuelle :

• CUPRUM METALLICUM : le « roi des crampes ». Crampes d'estomac très violentes, très douloureuses avec nausées et parfois vomissements. Le patient est amélioré en buvant quelques gorgées d'eau froide.

• COLOCYNTHIS : douleurs crampoïdes, surtout autour de l'ombilic. Le malade se plie en deux pour se soulager ou il se couche sur le ventre car la pression forte l'améliore ainsi que la chaleur locale ; par contre le froid aggrave son état.

• MAGNESIA PHOSPHORICA : très proche du remède précédent avec des symptômes plus aigus.

Il existe trois autres remèdes bien moins fréquemment indiqués : DIOSCOREA (aggravé en se pliant en deux), PLATINA (amélioré par le mouvement et aggravé par le repos) et IGNATIA (très grand remède utilisé dans ce cas précis pour des crampes avec nausées et bâillements violents à la suite d'une vive émotion et sensation de faim vers onze heures du matin avec défaillance).

Tous ces remèdes sont à utiliser en basse dilution (de 4 à 9 CH) en prises répétées toutes les heures et en espaçant ces prises au fur et à mesure de l'amélioration.

CA BRÛLE :

Le domaine des brûlures gastriques est infini, bien plus étendu que celui des crampes. Nous aurons deux très grands remèdes, d'action ponctuelle, agissant fidèlement sur cette notion de brûlure d'estomac.

• ANACARDIUM ORIENTALE : toute cette symptomatologie gastrique, organique, mentale est dominée par la très nette amélioration en mangeant. Il est banal pour un gastritique d'être amélioré par quelques bouchées de nourriture, mais avec ce remède, l'amélioration est spectaculaire, la douleur, la brûlure et même les nausées disparaissent dès les premières bouchées. Le malade a tellement conscience de ce soulagement qu'il se jette avec voracité sur les plats présentés, au risque de s'étrangler.

• ARGENTUM NITRICUM : grand remède luétique de l'individu anxieux, pressé et stressé qui se caractérise pour cette pathologie par ses brûlures d'estomac mais surtout par ses éructations. C'est un grand roteur avec des rots bruyants, gras et sonores qui soulagent tout de suite après avoir mangé et qui peuvent durer de longues minutes. Notre patient présente également un désir irrésistible de choses sucrées et de chocolat qui aggravent son état.

Les autres petits remèdes ponctuels sont : ROBINIA / IRIS VERSICOLOR (tout le tube digestif est brûlant de la bouche à l'anus, également remède de migraine ophtalmique) / PHOSPHORUS (sensation de vide dans l'estomac chez un hyper anxieux, aggravée le soir au crépuscule) / KALIUM BICHROMICUM (brûlures avec régurgitation et vomissement acide, souvent déclenchées par un excès de bière) / CAUSTICUM / SULFURIC ACID / KREOSOTUM et enfin notre grand brûleur ARSENICUM ALBUM. Ce remède caractérise les brûlures gastriques très vives améliorées par la chaleur. Ces brûlures sont parfois déclenchées par une intoxication alimentaire, un aliment glacé ou mal décongelé et s'associent souvent à des vomissements brûlants et violents, aggravés entre minuit et deux heures du matin dans un tableau d'agitation et de grande anxiété.

ÇA PÈSE ET ÇA GONFLE :

Nous trouverons ici des remèdes de flatulences, de borborygmes, de gaz avec évidemment participation douloureuse gastrique :

• CHINA : appétit rassasié après quelques bouchées, mais sent son estomac gonflé et pesant, très sensible. Éructation fréquente mais qui ne soulage pas et qui laisse un goût amer dans la bouche ; diarrhées fréquentes après avoir mangé surtout des fruits et des glaces.

• BRYONIA : mal tout de suite après avoir mangé avec sensation d'une pierre lourde dans l'estomac, gonflement du ventre et soif de grande quantité d'eau froide.

• GRAPHITES : estomac surtout gonflé, parfois brûlant avec des rots sonores mais qui ne soulagent pas ; nausées fréquentes après les repas et amélioration par les vomissements : à l'instar de NUX VOMICA, dont nous reparlerons plus tard, le sujet se fait souvent vomir en enfonçant deux doigts dans la bouche.

• CARBO VEGETABILIS : pesanteur et gonflement importants de l'estomac avec éructation acide ou putride après avoir mangé ou bu, qui soulage l'état général ; seule la partie supérieure de l'abdomen reste gonflée avec des douleurs crampoïdes remontant vers la poitrine et provoquant une gêne respiratoire avec syndrome aérophagique.

LES REMÈDES DE FOND DE LA DOULEUR GASTRIQUE :

Quelle que soit la nature de la douleur gastrique, trois remèdes de fond sont à utiliser :

• SULFUR : grand remède de la psore, toujours indiqué pour provoquer et canaliser des éliminations indispensables. Dans le domaine gastrique, son estomac est chaud, tendu, pesant, sensible et bruyant par ses gargouillis et borborygmes ; ses éructations bruyantes et sonores et ses gaz à odeur d'œuf pourri se rajoutent à sa défaillance vers 11 heures du matin avec intense fringale améliorée en grignotant quelque chose, de préférence sucré.

• NUX VOMICA : le plus grand de tous les remèdes homéopathiques est indiqué , en pathologie gastrique, dans les dyspepsies de type hypersthénique, c'est à dire les crampes et les brûlures. C'est le remède de tous les excès caractéristiques, en général de l'homme de la cinquantaine autoritaire et coléreux, somnolent après les repas, frileux et amélioré par la chaleur qui mange trop riche, abuse des excitants de toute nature, boit trop d'alcool et de vin, fume trop et se gave de médicaments excitants et sédatifs au coucher.

  Il gonfle 1 heure à 2 heures après avoir mangé, digère lentement avec quelques éructations et régurgitations acides. Il aime à se faire vomir, avec deux doigts dans la bouche, car les vomissements l'améliorent.

  C'est un patient souvent constipé avec des besoins inefficaces et qui éprouve la sensation de n'être jamais vidé complètement.

• LYCOPODIUM : Sujet en général amaigri au teint jaunâtre avec des tâches foncées sur les tempes. Il est plutôt sobre, de très mauvaise humeur le matin, encore plus autoritaire et coléreux que NUX VOMICA. Frileux mais aggravé par la chaleur, il offre une magnifique latéralité droite à tous ses symptômes.

  Contrairement à NUX VOMICA, il présente une faim vorace mais est rassasié dès les premières bouchées : les yeux plus gros que le ventre.

  Aussitôt qu'il a mangé, le patient gonfle du ventre et émet beaucoup de gaz. Des régurgitations brûlantes persistent longtemps dans la gorge après le repas. L'hypocondre droit est douloureux et, à l'instar de NUX VOMICA, on assiste à une constipation avec des selles petites et dures, des spasmes douloureux de l'anus et par conséquent des troubles hémorroïdaires améliorés par la chaleur.

L'APPORT DES BIOTHÉRAPIES :

Il est particulièrement intéressant en pathologie gastrique.

La gemmothérapie utilisera les bourgeons de figuier (FICUS CARICA) qui est un remarquable remède de brûlure d'estomac à raison de 60 gouttes par jour chez l'adulte.

L'organothérapie diluée et dynamisée utilisera HISTAMINE 5CH qui a démontré expérimentalement son action protectrice de la muqueuse gastrique, comparable à celle des inhibiteurs des récepteurs H2 (voir module de santé publique) à la posologie de 30 gouttes par jour ; MUQUEUSE GASTRODUODÉNALE 4CH en suppositoire, 3 fois par semaine facilitera la cicatrisation ; AXE CORTICO-HYPOTHALAMIQUE 9CH en ampoule perlinguale un soir sur deux régularisera le psychisme toujours perturbé de ces gastritiques et ulcéreux.

La lithothérapie déchélatrice (utilisation des roches) comportera GLAUCONIE D8, complémentaire du remède précédemment cité et MARBRE SACCHAROÏDE D8 pour son action sur la muqueuse gastrique qui sera prescrit à raison de 1 à 3 ampoules par jour.